World Gastroenterology Organisation Global Guidelines
Mars 2021
Review Team
Mohamed Tahiri (Chair, Maroc)
K.L. Goh (Co-Chair, Malaysie)
Zaigham Abbas (Pakistan)
David Epstein (Afrique du Sud)
Chen Min-Hu (Chine)
Chris Mulder (Pays-Bas)
Amarender Puri (Inde)
Michael Schultz (Nouvelle Zélande)
Anton LeMair (Pas-Bas)
Jean-Jacques Gonvers (Suisse)
Financement et conflits d’intérêts
Aucun auteur n’a signalé de conflits d’intérêts en relation avec leur participation à l’élaboration de ce guideline. Anton LeMair agit en tant que consultant en développement de guidelines pour l’OMG (WGO).
(Cliquez pour agrandir la section)
“La diarrhée chez une personne souffrant de tuberculose constitue un symptôme mortel.”
— Hippocrate, Aphorismes 5.14
“C’est impossible de diagnostiquer une tuberculose digestive avec certitude car la maladie imite tant d’autres maladies digestives et la confirmation par histologie peut s’avérer équivoque.”
— Joseph Walsh, Transactions of the National Association for the Study and Prevention of Tuberculosis 1909;5:217–22
La tuberculose (TB) est une maladie infectieuse causée par le Mycobacterium tuberculosis, qui est typiquement à l’origine d’une tuberculose pulmonaire. La TB est à la neuvième cause de mort dans la liste des causes les plus fréquentes de mortalité mondialement et constitue la première cause en relation avec un agent infectieux unique, avant même le virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/SIDA).
En 2017, 10 millions de personnes ont développé une maladie tuberculeuse et 1.6 million en sont mortes, y compris 0.3 million parmi les personnes souffrant de VIH—la tuberculose constitue la cause principale de mortalité chez les personnes VIH-positives [1].
La tuberculose digestive est peu fréquente quand on la compare à la tuberculose pulmonaire. La tuberculose gastro-intestinale représente 2.5% des cas de tuberculose extra pulmonaire aux Etats-Unis [2].
Un diagnostic précoce n’est pas facile à poser en raison du tableau clinique non spécifique de la tuberculose, maladie qui peut imiter d’autres maladies gastro intestinales and qui peut varier entre les cas aigus et les cas chroniques dans les régions endémiques pour la tuberculose. Tandis que certains patients peuvent tirer bénéfice d’une thérapie antituberculeuse, d’autres peuvent développer des problèmes d’ordre chirurgical tels des sténoses, une obstruction, des fistules ou des perforations, qui peuvent nécessiter une intervention chirurgicale.
Une infection VIH constitue un facteur de risque majeur pour le développement d’une tuberculose et la tuberculose péritonéale représente un vrai défi médical chez les patients immuno déprimés en raison de ses symptômes insidieux et non spécifiques.
Bien que n’importe quelle zone de l’intestin puisse être concernée, une tuberculose du tube digestif est le plus souvent rencontrée dans la région iléo-caecale, dans l’iléon et dans le côlon. La région iléo-caecale est la région la plus souvent touchée par la tuberculose. Les explications possibles de ce fait comprennent la densité élevée du tissu lymphoïde, le ralentissement du transit intestinal et une concentration basse des acides biliaires [3].
Une péritonite tuberculeuse doit être suspectée dans tous les cas d’ascite exsudative inexpliquée. D’autres localisations possibles pour une tuberculose intestinale sont la rate, le foie et les ganglions lymphatiques [3–6].
Algorithmes OMG: un ensemble hiérarchique d’options diagnostiques, thérapeutiques et de gestion pour traiter du risque et de la maladie, selon les ressources à disposition.
Les guidelines et les algorithmes OMG (WGO) sont destinés à mettre en évidence les options thérapeutiques appropriées, selon le contexte et les ressources à disposition localement pour toutes les régions géographiques indépendamment du fait qu’elles soient « en voie de développement », « déjà à moitié développées » ou « développées ». Les algorithmes OMG (WGO) fournissent des options contextuelles qui ne sont pas forcément définies uniquement selon les ressources à disposition.
Les options contenues dans les algorithmes cités ici pour le diagnostic et le traitement de la tuberculose digestive sont des facteurs clés et forment la partie la plus importante de ce document. Une attention particulière est accordée aux catégories dites « ressources élevées » (« gold-standard »), « ressources moyennes » et « ressources faibles ».
En ce qui concerne les algorithmes pour le diagnostic de la tuberculose digestive, voir Section 3.1 ci-dessous.
1.3.1 Rapport de l’OMS en 2018 concernant la tuberculose dans le monde [1,7]
L’incidence de la tuberculose intestinale (ITB) a augmenté parallèlement à l’augmentation globale de la prévalence de la tuberculose. Un parmi cinq patients avec une tuberculose dans l’Union européenne a un tuberculose extra pulmonaire [10]. L’incidence de la maladie de Crohn (MC) a également augmenté ces dernières décennies partout dans le monde, y compris dans les régions où traditionnellement la maladie a été auparavant considérée comme rare [11].
La tuberculose prospère partout où il existe la pauvreté et le surpeuplement ; 5–15% des 1.7 milliards de personnes estimées avoir une infection à M. tuberculosis (MTB) vont développer une tuberculose cliniquement manifeste de leur vivant [12].
La probabilité de développer une tuberculose est nettement plus grande chez les personnes avec une infection VIH et elle est également plus grande chez les personnes présentant des facteurs de risque spécifiques [13] tels que:
Autres causes d’immunosuppression—traitement par les corticostéroïdes, traitement immuno suppresseur ou chimiothérapie, à la suite d’un traitement avec un agent anti-facteur de nécrose tumorale (TNF) ou un autre traitement biologique, ainsi que chez les personnes sous dialyse péritonéale ambulatoire en continu.
Maladies invalidantes chroniques—diabète, maladies hématologiques et maladies pulmonaires chroniques, en particulier la silicose.
Malnutrition, malignité sous-jacente, cirrhose, alcoolisme.
Les patients âgés.
Les détenus et les personnes vivant dans une institution et ainsi à risque de développer une tuberculose.
Les voyages dans des pays avec une haute incidence de la tuberculose.
La tuberculose extra pulmonaire est plus fréquente chez les patients souffrant d’un VIH:
En 2016, globalement, 57% des patients avec une tuberculose avaient un test VIH-positif documenté, en hausse par rapport au 55% en 2015. Dans la région OMS Afrique, où le fardeau de la tuberculose associée au VIH est le plus grand, 82% des patients avec une tuberculose avaient un test VIH-positif documenté (en hausse par rapport au 81% de 2015) [12].
Le diagnostic d’une tuberculose peut précéder un diagnostic de SIDA de plusieurs mois; la tuberculose se dissémine souvent chez les patients avec un SIDA, progresse rapidement et est associée à un taux de mortalité élevé [14].
La tuberculose abdominale peut survenir du fait de:
Réactivation d’un foyer primaire gastro intestinal inactif:
— Par une propagation hématogène d’un foyer pulmonaire acquis pendant une infection primaire pendant l’enfance.
— Ou par l’ingestion de bacilles transportés par des macrophages à travers le système lymphatique vers les ganglions lymphatiques mésentériques où ils restent inactifs.
Ingestion de bacilles venant d’un foyer pulmonaire actif.
Propagation hématogène d’une tuberculose active dans d’autres organes.
Extension directe à partir d’organes adjacents.
Ingestion de lait infecté:
— La pratique consistant à boire du lait non pasteurisé, en particulier par les enfants qui travaillent comme bergers dans certaines parties du monde, notamment dans les régions des hauts plateaux en Pakistan et d’autres régions de l’Asie centrale, peut être à l’origine d’une tuberculose abdominale.
— Ceci n’est que rarement le cas dans les pays de l’ouest en raison de la disparition de la tuberculose bovine, de la pasteurisation du lait et la pratique consistant à bouillir le lait avant la consommation dans les pays en voie de développement.
La réactivation d’un foyer tuberculeux inactif peut être causée par une suppression immunitaire due à l’âge avancé, par une infection VIH/SIDA, un traitement anti TNF, la malnutrition, la perte du poids, l’alcoolisme, la diabète, l’insuffisance rénale chronique ainsi que d’autres maladies [12,14,15].
Tuberculose pulmonaire. La plupart des cas de tuberculose sont pulmonaires (Fig. 1). Parmi les patients avec une tuberculose extra pulmonaire, seulement 15–20% ont une tuberculose pulmonaire active concomitante [8]. Ce guideline ne traite pas de la tuberculose pulmonaire.
Tuberculose extra pulmonaire. La tuberculose extra pulmonaire peut concerner les localisations suivantes: le larynx, les ganglions lymphatiques, la plèvre, le cerveau, les reins, les os et les articulations, le péritoine et les intestins, les méninges, la peau et le péricarde. Les cliniciens continueront à rencontrer des cas en raison de la recrudescence de la tuberculose depuis le milieu des années 80 dans beaucoup de pays. La tuberculose extra pulmonaire se rencontre le plus souvent chez les patients avec une infection VIH ou chez d’autres patients immuno déprimés ainsi que chez les jeunes enfants. La tuberculose extra pulmonaire n’est pas traitée dans ce guideline, à l’exception de la tuberculose abdominale.
Tuberculose miliaire. Une troisième forme de tuberculose, cependant rare, est la tuberculose miliaire, où les particules tuberculeuses sont disséminés dans toutes les parties du corps par la circulation sanguine. Ce guideline ne traite pas de la tuberculose miliaire.
Tuberculose abdominale. La tuberculose peut impliquer n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche jusqu’à l’anus (49%), le péritoine (42%), les ganglions lymphatiques mésentériques (4%), et les viscères solides, y compris le foie et le système pancréatico biliaire (5%) [13,16]. Le siège la plus fréquent de la tuberculose intestinale est la région iléo-caecale, suivie du côlon et du jéjunum.
Les symptômes et les signes de la tuberculose gastro-intestinale et péritonéale sont non spécifiques et de ce fait le diagnostic risque d’être manqué ou retardé—avec pour résultat une morbidité et une mortalité accrues.
La plupart des patients souffrant d’une tuberculose abdominale présentent des symptômes qui durent déjà depuis un mois à une année, tels des douleurs abdominales, un amaigrissement, une perte pondérale généralisée, une anorexie, une fièvre, des diarrhées, une constipation, des rectorragies et un œdème [18]. Les symptômes sont généralement d’une intensité modérée.
La présence d’une tuberculose pulmonaire coexistante augmente considérablement la fréquence de fièvre et de sueurs nocturnes, d’une perte pondérale et de symptômes pulmonaires.
La tuberculose peut être associée à des manifestations auto-immunes telles un érythème noueux (un érythème induré), une arthrite réactionnelle (maladie de Poncet) et une uvéite, qui peuvent tous initialement faire penser à des manifestations extra intestinales d’une maladie de Crohn [19–22].
L’examen physique peut révéler une pâleur, une ascite ou un abdomen de consistance pâteuse ainsi qu’une sensibilité abdominale généralisée, tout particulièrement dans la fosse iliaque droite. Il peut y avoir également une hépatomégalie et des masses abdominales liées à l’atteinte hépatique, une hypertrophie des ganglions lymphatiques, une adhérence des anses intestinales ou un abcès froid [13].
Les symptômes et les signes cliniques pour une tuberculose abdominale sont non spécifiques et peuvent faire penser à une maladie de Crohn et à une autre pathologie gastro-intestinale. La tuberculose peut être confondue avec un cancer des zones concernées. Une tuberculose intestinale a parfois été identifiée chez des patients asymptomatiques qui subissent une coloscopie pour d’autres raisons.
Le mode de présentations le plus fréquent est la douleur (dans environ 85% des cas), une perte pondérale (66%), la fièvre (35–50%) et les diarrhées (20%).
Dans le diagnostic différentiel de maladies gastro-intestinales inhabituelles, il faut toujours suspecter la présence d’une tuberculose, tout particulièrement dans les régions où la tuberculose est hautement endémique.
Sources: [4,17,18,23] et d’autres citations mentionnées dans le texte ci-dessus.
Algorithmes des options/alternatives selon le contexte et le niveau de ressources à disposition pour les pays et les régions avec des niveaux de ressources et d’accès aux soins différents, ainsi que des cultures et une épidémiologie différentes.
Il n’existe actuellement pas d’examens dits de référence (“gold standard”) pour le diagnostic d’une infection tuberculeuse latente et pour la détection précoce d’une tuberculose active ; par conséquent, il n’y a pas d’examen unique qui soit adéquat pour établir un diagnostic de tuberculose abdominale chez tous les patients. Le diagnostic d’une tuberculose abdominale chez les patients non-VIH demeure toujours un dilemme qui nécessite un haut niveau de suspicion clinique [16].
Dans les régions endémiques [4] et dans certaines situations spécifiques dans les pays développés telles chez les patients VIH et les patients sous traitement avec des médicaments immuno suppresseurs ou biologiques, il faudrait toujours considérer une tuberculose abdominale lors du diagnostic différentiel d’un abdomen aigu ou chronique.
Il est possible de poser un diagnostic définitif de tuberculose digestive en présence d’un des quatre critères suivants[26]:
Dans le cas d’une ascite exsudative (protéines > 2,5 g/dL) avec une prédominance de lymphocytes et/ou le gradient sérum-ascite pour l'albumine de < 1.1 mg/dL, il conviendrait de prendre en considération un diagnostic de tuberculose péritonéale dans le cadre du diagnostic différentiel. Les taux d’adénosine deaminase sont élevés. Une confirmation par examen microbiologique ou pathologique demeure la technique de référence (« gold standard”) pour établir un diagnostic [27].
Un diagnostic de tuberculose intestinale [28] devrait se baser sur:
Malgré les progrès réalisés sur le plan du diagnostic, une partie importante des cas de tuberculose signalés à l’Organisation Mondiale de la Sante sont toujours diagnostiqués cliniquement plutôt que d’être confirmés bactériologiquement, en raison d’un manque de financement ou un manque de compétences locales. En 2016, <60% des cas de tuberculose pulmonaire signalés à l’OMS étaient confirmés bactériologiquement [12].
3.2.1 Tests de laboratoire de routine
Chez 50–80% de patients, les tests de laboratoire de routine révèlent une légère anémie et une augmentation de la vitesse de sédimentation, tandis que la formule leucocytaire est habituellement normale [18].
3.2.2 Examens radiologiques
La tomodensitométrie (CT) après ingestion d’un produit de contraste constitue la meilleure modalité radiologique pour l’évaluation d’une éventuelle pathologie intra luminale ou extra luminale et permet de visualiser la localisation et l’étendue du processus inflammatoire et l’atteinte de l’intestin, du mésentère, du péritoine, des ganglions lymphatiques et des organes solides, ainsi que du l’atteinte rétro péritonéale [17,18,30]. Elle permet de distinguer entre une ascite carcinomateuse et une tuberculose péritonéale. La présence de ganglions lymphatiques nécrotiques permet de poser un diagnostic de tuberculose péritonéale. Le cas échéant, une entérographie par CT permet de détecter et de constater l’atteinte de l’intestin grêle.
Ultrasonographie. L’ultrasonographie endoscopique (EUS) peut permettre la visualisation des différentes lésions proches de la lumière gastro-intestinale ainsi que leur aspiration ou biopsie en pratiquant une aspiration à l’aiguille fine guidée par EUS ou une biopsie [31]. Des biopsies ciblées des ganglions lymphatiques, du foie et du pancréas peuvent également être effectuées [32]. L’ultrasonographie endoscopique (EUS) s’avère utile pour l’imagerie de la tuberculose péritonéale [18].
Imagerie par résonance magnétique (IRM/MRI) ne permet pas de détecter de petites calcifications au sein des ganglions ou des masses et n’est pas utile pour faire la différence entre la maladie de Crohn et la tuberculose intestinale.
Radiographie du thorax. Une radiographie du thorax négative ne permet pas d’exclure une tuberculose abdominale.
3.2.3 Endoscopie
Une endoscopie avec prise de biopsies peut s’avérer utile afin de diagnostiquer une tuberculose intestinale à condition qu’il soit possible d’atteindre la région atteinte avec un endoscope flexible. Il n’est pas rare que celle-ci n’est pas prise en considération jusqu’à son diagnostic lors du geste opératoire [8]. Une entéroscopie à double ballonnet peut être utile pour prendre des biopsies. Dans le cas d’un infiltrat duodénal sans ulcère manifeste, effectuer une polypectomie après ligature peut s’avérer utile afin d’obtenir des biopsies d’une meilleure qualité [25].
3.2.4 Laparoscopie
Une laparoscopie avec prise de biopsies peut être effectuée afin de pouvoir poser un diagnostic de tuberculose péritonéale, mais son utilisation est moins claire dans le cas d’une tuberculose intestinale [17]. Une laparoscopie avec biopsie dirigée permet de poser un diagnostic spécifique et rapide [8].
3.2.5 Histopathologie
Dans le cas d’une tuberculose, les biopsies révèlent des bacilles acido-résistants ou des granulomes caséeux, mais la coloration des bacilles acido-résistants manque de sensibilité et de spécificité. Distinguer entre la maladie de Crohn et la tuberculose n’est jamais tout à fait simple et les deux maladies peuvent coexister, bien que cela soit rare, en particulier dans le cadre d’un traitement biologique.
La tuberculose intestinale est une maladie sous-muqueuse et poser un diagnostic par endoscopie avec biopsie de la muqueuse n’est ainsi pas facile et le rendement diagnostique est faible (bacilles acido-résistants, PCR positive, granulomes caséeux ou culture positive pour tuberculose). Pulimood et al ont décrit un tableau de caractéristiques histologiques pour des biopsies qui, en absence de bacilles acido-résistants et d’une inflammation granulomateuse caséeuse, représentent des facteurs permettant de poser un diagnostic de tuberculose intestinale [35–37]. Sont également compris des granulomes confluents, la présence de multiples granulomes à un endroit particulier, des granulomes de grande taille, des bandes d’histiocytes épithélioïdes bordant les ulcères, des granulomes sous-muqueux et une inflammation sous muqueuse disproportionnée—c’est-à-dire une inflammation sous muqueuse qui dépasse largement l’inflammation de la muqueuse.
Les constatations histopathologiques peuvent comprendre des modifications inflammatoires non spécifiques:
Des frottis pour germes acido-résistants par microscopie devraient être pratiqués à partir des liquides biologiques chez des patients avec une suspicion de tuberculose abdominale.
3.2.6 Microbiologie
Méthodes basées sur la culture. Ces méthodes représentent actuellement les examens de référence. Elles nécessitent des capacités de laboratoire plus élaborées ; les cultures de biopsie pour MTB prennent du temps (de 3–8 semaines et même parfois jusqu’à 12 semaines pour avoir un résultat) [12], et les résultats sont souvent négatifs (avec un taux de précision allant de 25% à 35% [17] et même encore plus bas selon quelques études).
3.2.7 Résultats des tests sérologiques
Tests moléculaires rapides. L’OMS ne recommande actuellement qu’un seul test rapide pour le diagnostic d’une tuberculose: Xpert® MTB/RIF assay (Cepheid, Sunnyvale, California, USA).
Dosage de la libération d’interféron-gamma (IGRA). IGRA se base sur la stimulation d’une réponse immune cellulaire par des antigènes immuno dominants ESAT-6 et CFP10 spécifiques au bacille de la tuberculose, et représente un alternatif diagnostique au test cutané à la tuberculine.
Options du test IGRA:
Différentes études ont confirmé la valeur informative de ces tests pour diagnostiquer la tuberculose et l’émergence de tests IGRA peut conduire à une meilleure moyen d’identifier une tuberculose latente (LTBI) [41].
Les principaux avantages de ces tests sont:
Les désavantages de ces tests sont:
Bien qu’il soit actuellement toujours difficile à déterminer la supériorité entre les IGRA et le test cutané à la tuberculine, les deux sont affectés négativement par un traitement simultané immuno suppresseur. Il faudrait par conséquent penser à effectuer un dépistage avant l’instauration d’un traitement par immuno suppresseurs. Un dépistage devrait impérativement être effectué pour chaque patient chez qui un traitement anti-TNF est prévu [40].
Les tests IGRA peuvent être effectués dans le cadre d’une évaluation globale des risques afin de pouvoir identifier les patients qui nécessiteraient un traitement à but préventif (par exemple, les patients immuno déprimés, les enfants, les proches et les patients récemment exposés) [42], mais les tests IGRA ne conviennent pas dans le cadre d’études de dépistage à grande échelle, et en particulier chez les enfants, en raison des désavantages cités ci-dessus.
La détermination des taux d’interféron-gamma dans le liquide d’ascite peut représenter un technique potentielle pour le futur dans le diagnostic de la tuberculose péritonéale [27].
Le European Centre for Disease Prevention & Control (ECDC) vient de publier les lignes directrices suivantes en ce qui concerne l’utilisation d’un test de libération de l’interféron-gamma afin d’appuyer le diagnostic de la tuberculose [42]:
3.2.8 Amplification en chaîne par polymérase (PCR)
PCR. Le test PCR pour tuberculose sur les échantillons de biopsie récoltés lors d’une endoscopie ou dans le cadre d’un geste chirurgical chez les patients avec une tuberculose intestinale s’est révélé hautement précis pour diagnostiquer une tuberculose intestinale, avec une spécificité de <95% et une fiabilité de 82.6% [17].
3.2.9 Test à la tuberculine
PPD. Le dérivé protéique purifié (PPD) représente une version avancée du test cutané à la tuberculine (TST). Il se base sur les composants protéiques des filtrats de culture du MTB et est utilisé afin de diagnostiquer une infection tuberculeuse (latente).
Un test PPD peut s’avérer faussement négatif secondaire à:
La valeur diagnostique d’un test cutané PPD pour tuberculose intestinale n’est pas certaine et les résultats obtenus sont influencés en fonction de la prévalence de la tuberculose dans la population étudiée [13,15,17]:
La valeur diagnostique est également limitée chez les patients avec une réponse immunitaire affaiblie au moment du test PPD. Ceci peut être dû à:
— Une infection VIH
— Une tuberculose primaire, disséminée
— L’utilisation de corticostéroïdes ou d’immuno modulateurs
3.2.10 Adénosine deaminase
Adénosine deaminase (ADA) est un marqueur enzymatique fiable pour l’ascite tuberculeuse. Une valeur seuil d’entre 36 et 40 IU/L possède un haut degré de sensibilité (100%) et de spécificité (97%) pour le diagnostic d’une tuberculose péritonéale [23,44].
3.2.11 Tests diagnostiques reconnus par l’OMS
Détection moléculaire de la tuberculose et de la pharmaco résistance
Techniques non moléculaires
Techniques par cultures
Microscopie
3.3.1 Tuberculose péritonéale
Diagnostic différentiel basé sur le genre de lésion [14]:
3.3.2 Tuberculose intestinale
Diagnostic différentiel basé sur le type de lésion [14]:
3.3.3 Tuberculose et maladie de Crohn
La maladie de Crohn (CD) est une maladie inflammatoire idiopathique avec un fond génétique certain et qui est modifiée par de multiples facteurs environnementaux [17]. Son diagnostic se base sur une association de facteurs cliniques et de caractéristiques endoscopiques et histologiques [26].
De même que pour l’incidence de la tuberculose, l’incidence de la maladie de Crohn dans les régions endémiques pour la tuberculose est également en augmentation [17,48,49].
Une maladie inflammatoire digestive (IBD) constitue un diagnostic différentiel important tant dans les pays développés que dans les pays en voie de développement. Dans les pays en voie de développement et où la tuberculose est endémique avec un taux élevé d’infections latentes, le dépistage afin de détecter une éventuelle exposition chez les individus autrement en bonne santé n’est pas approprié.
3.3.4 Autres diagnostics à considérer
Les patients avec une tuberculose abdominale devraient bénéficier d’un traitement antituberculeux complet.
Un traitement de 2 mois comme indiqué dans le Tableau 8 est actuellement recommandé pour une tuberculose intestinale non compliquée. Il faut éviter d’effectuer un traitement plus long car il est associé à un faible degré de compliance et à un risque accru d’effets secondaires de médicaments potentiellement toxiques.
L’isoniazide (INH), la rifampicine (RIF), ou le pyrazinamide (PZA) peuvent provoquer une hépato toxicité.
Surveillance d’une hépato toxicité d’origine médicamenteuse (DIH) ou une lésion du foie d’origine médicamenteuse (DILI) [11]
D’autres effets secondaires médicamenteux possibles : symptômes gastro-intestinaux, éruption cutanée et interactions médicamenteuses.
Une multi résistance aux médicaments (Multidrug resistance (MDR)) a été observée dans 2.4–13.2% des souches de MTB chez des patients chez lesquels on diagnostique récemment une tuberculose pulmonaire et chez 17.4–25.5% des patients précédemment traités. Une résistance étendue aux médicaments (XDR) est presque exclusivement rencontrée chez des patients ayant déjà reçu un traitement et représente environ 6% des cas de multi-résistance.
Schéma de traitement plus court pour les cas de multi-résistance selon l’OMS:
Un traitement empirique avec un médicament antituberculeux pendant 2–3 mois pourrait être approprié dans les pays avec une prévalence haute de tuberculose abdominale si les facteurs cliniques sont également compatibles—c’est-à-dire si les données cliniques, radiographiques et endoscopiques concordent avec un diagnostic de tuberculose abdominale et si d’autres maladies fréquentes telles le cancer, une maladie inflammatoire de l’intestin non spécifique et d’autres infections spécifiques peuvent être raisonnablement exclus [13].
Le diagnostic d’une entérite tuberculeuse peut être considéré comme hautement probable si le patient démontre une réponse au traitement et si aucune récidive ne survient à la fin du suivi [8].
Une surveillance de la réponse au traitement devrait se faire chaque semaine pendant 4–6 semaines:
Il est cependant recommandé d’établir le diagnostic de tuberculose avant de commencer un traitement, pour les raisons suivantes [11,17]:
Si une laparoscopie n’est pas envisageable ou n’est pas abordable financièrement, et si les patients ne peuvent pas être opérés, un test ADA de l’ascite peut se révéler crucial afin de pouvoir poser rapidement un diagnostic de tuberculose péritonéale et d’instaurer un traitement empirique avec des médicaments antituberculeux.
Chez les patients avec un index élevé pour une suspicion de tuberculose péritonéale et avec une adénosine deaminase (ADA) > 30 UI, un traitement antituberculeux peut être instauré.
Une intervention chirurgicale ne devrait se faire qu’en cas de complications—fibrose, sténoses, et abdominal aigu—ou en cas de doute du point de vue diagnostique.
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