WGO Practice Guideline:
Mise à jour octobre 2015
Review Team
Richard Hunt (Royaume-Uni/Canada)
David Armstrong (Canada)
Peter Katelaris (Australie)
Mary Afihene (Ghana)
Abate Bane (Ethiopie)
Shobna Bhatia (Inde)
Min-Hu Chen (Chine)
Myung Gyu Choi (Corée)
Angelita Cristine Melo (Brésil)
Kwong Ming Fock (Singapour)
Alex Ford (Royaume-Uni)
Michio Hongo (Japon)
Aamir Khan (Pakistan)
Leonid Lazebnik (Russie)
Greger Lindberg (Suède)
Maribel Lizarzabal (Venezuela)
Thein Myint (Myanmar)
Joaquim Prado Moraes-Filho (Brésil)
Graciela Salis (Argentine)
Jaw Town Lin (Taiwan)
Raj Vaidya (Inde)
Abdelmounen Abdo (Soudan)
Anton LeMair (Pays-Bas)
Jean-Jacques Gonvers (Suisse)
(Cliquez pour agrandir la section)
Ce guideline est le deuxième à être diffuser en complément aux thèmes traités en relation avec le World Digestive Health Day (WDHD). Par le biais de ce guideline, notre but est de guider les professionnels de la santé dans leur choix quant au meilleur moyen de traiter la maladie de reflux gastro-œsophagien (MRGO (GERD)) avec un document concis qui donne les recommandations basées sur les toutes dernières données à disposition et qui a été élaboré lors d’un processus de consensus par des experts mondialement reconnus qui se sont cencentrés sur les meilleures pratiques actuelles.
Le but des guidelines WGO/OMG est de mettre en lumière les options de gestion de la maladie adéquates, contextuelles et respectueuses des ressources à disposition pour toutes les régions géographiques, indépendamment qu’on les considère comme étant « en voie de développement » ou « développées ».
Pour pouvoir définir une approche globale standardisée, il serait nécessaire que l’épidémiologie de la MRGO (GERD) et que les symptômes de reflux soient comparables partout dans le monde et que toute la panoplie d’investigations diagnostiques ainsi que les options thérapeutiques soient à disposition partout. Cedendant ni l’épidémiologie ni les ressources à disposition ne sont suffisamment uniformes partout dans le monde pour pouvoir établir une approche unique « gold standard ».
La MRGO (GERD) est une maladie qui se prête particulièrement à l’élaboration d’algorithmes OMG/WGO et ce guideline global comprend donc un ensemble d’algorithmes pour fournir dans le diagnostic et le traitement des options diagnostiques et tenant compte du contexte et des ressources. Les algorithmes OMG/WGO sont destinés à être un complément « global » aux guidelines “gold standard” élaborés par des groupements régionaux et des sociétés professionnelles nationales plutôt qu’à les remplacer.
La MRGO (GERD) est maintenant largement répandue mondialement et il existe des évidences claires que sa prévalence augmente dans beaucoup de pays en voie de développement. Les recommandations pour la pratique devraient être sensibles au contexte, avec le but d’optimiser les soins en tenant compte des ressources à disposition localement ainsi que de la disponibilité de soins de santé. Les manifestations de la maladie sont considérées être similaires entre les régions, avec les brûlures rétrosternales (pyrosis) et la régurgitation comme symptômes principaux. Le patient peut avoir acheté initialement des remèdes en vente libre afin de soulager les brûlures rétrosternales (pyrosis) ou avoir demandés conseil à un pharmacien. Quand le patient s’aperçoit que ses symptômes sont plus gênants, il peut demander l’avis d’un médecin; suivant sa situation ainsi que la forme de système de soins à disposition localement, les patients peuvent consulter leur médecin généraliste ou un gastroentérologue ou un chirurgien, soit directement soit sur recommandation. L’algorithme OMG/WGO cherche à optimiser l’utilisation des ressources à disposition pour des patients individuels en tenant compte de leur location géographique ainsi que de leur possibilité d’accès aux différents systèmes de santé.
1. La maladie de reflux gastro-œsophagien (MRGO (GERD)) peut se définir comme des symptômes gênants qui sont suffisamment sévères pour affecter la qualité de vie du patient, ou tout érosion ou complication résultant du reflux du contenu gastrique dans l’œsophage, l’oropharynx et/ou les voies respiratoires.
2. Les symptômes liés au reflux gastro-œsophagien, l’œsophagite érosive et les complications à long terme qui en résultent [2] peuvent avoir des effets délétères sur la vie quotidienne, la productivité au travail, le sommeil et la qualité de vie du patient. Selon la définition du consensus de Montréal de la MRGO (GERD), les « symptômes gênants » peuvent être représentés par des symptômes modérés à sévères qui surviennent un ou plusieurs jours par semaine.
3. La maladie de reflux gastro-oesophagien (MRGO (GERD)) peut être subdivisée selon la présence ou l’absence d’érosions ; les symptômes sans la présence d’érosion lors d’une endoscopie constituent une maladie de reflux gastro-œsophagien non érosive, tandis que les symptômes de la MRGO (GERD) avec la présence d’érosions constituent une œsophagite érosive [3]. Il faut signaler que l’oesophagite érosive peut également être présente même en l’absence de symptômes [4].
4. La maladie de reflux gastro-oesophagien non érosive a été définie spécifiquement comme une sous-catégorie de la maladie de reflux gastro-oesophagien caractérisée par des symptômes pénibles dus au reflux en l’absence d’érosions de la muqueuse oesophagienne à l’endoscopie conventionnelle en l’absence d’un traitement d’inhibiteurs de la sécrétion acide. Cette définition repose également [5] sur la pathophysiologie et une réponse positive à la suppression de l’acide de même qu’une pH-métrie de 24h positive (association des symptômes avec les épisodes de reflux). La maladie de reflux gastro-oesophagien non érosive représente de loin la forme la plus fréquente de maladie de reflux gastro-oesophagien [5].
5. L’œsophage de Barrett (endobrachyoesophage, EBO) désigne la présence endoscopique, avec confirmation par histologie, du remplacement de la muqueuse malpighienne de l’œsophage par une muqueuse de type intestinal. Ceci est actuellement la seule complication identifiable de la MRGO (GERD) connue d’avoir un potentiel de malignité.
6. Les syndromes de MRGO (GERD) extra-oesophagiens peuvent être classifiés en tant qu’affections ayant une association établie avec la MRGO (GERD) (toux, laryngite, asthme, érosions dentaires) et ceu pour lesquelles une association est seulement proposée (pharyngite, sinusite, fibrose pulmonaire idiopathique, otite moyenne) [6].
Les symptômes de reflux gastro-œsophagiens se produisent avec une fréquence et une sévérité variables. Certains patients ont des symptômes de reflux gastro-œsophagien légers et occasionnels qui ne les gènent pas et qui ne remplissent pas les critères pour pouvoir établir un diagnostic de MRGO (GERD); chez ces patients il conviendrait d’instaurer des traitements de faible intensité, de manière intermittente associés à des modifications du style de vie si nécessaire.
La MRGO (GERD) est une maladie « mondiale » et les dernières données à disposition suggèrent que sa prévalence est en train d’augmenter. Les estimations quant à sa prévalence montrent des variations géographiques considérables mais ce n’est qu’en Asie de l’Ouest que les estimations de prévalence sont actuellement inférieures à 10% [9]. Le haut degré de prévalence de la MRGO (GERD) et les symptômes gênants qui l’accompagnent comporte des conséquences significatives pour la société, avec un impact négatif sur la productivité au travail [10] ainsi que d’autres répercussions sur la qualité de vie chez les patients individuellement [11,12].
Les études épidémiologiques rigoureuses manquent actuellement dans les pays développés tel le Japon, ainsi que pour beaucoup de pays émergents tel la Russie, l’Inde et le continent Africain. Il n’existe que peu de données concernant la prévalence de la MRGO (GERD) chez les enfants, l’incidence de la MRGO (GERD) [9] (Tableau 1), son histoire naturelle et ses origines.
La plupart des études épidémiologiques concernant la MRGO (GERD) sont basées sur la symptomatologie [4]. Tout diagnostic basé sur les symptômes étant problématique, les données épidémiologiques actuelles concernant la prévalence des symptômes de reflux gastro-œsophagiens (GERS) laissent à désirer. Cela est dû en partie parce que la description et la nomenclature des symptômes de reflux varient entre les régions et aussi en partie parce que les symptômes gastro-intestinaux hauts (symptômes “dyspeptiques”) peuvent être décrits de façon similaire par les patients ayant une grande variété de diagnostics gastro-intestinaux hauts, y compris l’ulcère peptique, la dyspepsie non ulcéreuse, les troubles de la motilité ou la MRGO (GERD) [13]. Il est cependant intéressant de mentionner la prévalence des symptômes “dyspeptiques” à travers le monde car ces données préliminaires ont une influence sur la probabilité que les symptômes gastro-intestinaux hauts puissent être attribués au reflux gastro-œsophagien.
La MRGO (GERD) est une maladie sensitivo-motrice concernant à la fois des phénomènes sensoriels et l’activité motrice. Elle est associée à des troubles des mécanismes anti reflux normaux (par exemple, le fonctionnement du sphincter oesophagien inférieur, du ligament phrénico oesophagien), associés à des modifications de la physiologie normale (par exemple, troubles du péristaltisme oesophagien, augmentation de la pression intragastrique, augmentation du gradient de la pression abdominothoracique) ou, très rarement, à une augmentation de la sécrétion gastrique acide (syndrome de Zollinger–Ellison).
Voir également 3.2 sur l’anamnèse et l’examen physique.
Le traitement de diverses affections (par exemple avec les bloqueurs des canaux calciques, les anticholinergiques et les anti inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peut exercer un effet négatif sur la MRGO et sa prise en charge [23]. Certains médicaments (par exemple les bisphosphonates, les antibiotiques, les suppléments de potassium) peuvent endommager le tractus gastro-intestinal supérieur et ainsi conduire à une exacerbation des symptômes de reflux ou le dommage causé par le reflux.
Les brûlures rétrosternales (pyrosis) pendant la grossesse ne sont pas habituellement différentes de celles observées classiquement dans la population adulte, mais elles ont tendance à se péjorer avec la progression de la grossesse. La régurgitation est présente avec environ la même fréquence que les brûlures rétrosternales (pyrosis) et dans le premier trimestre la MRGO (GERD) est associée à certaines modifications des réponses physiologiques [24,25]. Les facteurs suivants peuvent augmenter le risque de brûlures rétrosternales (pyrosis) [26]: brûlures rétrosternales (pyrosis) avant la grossesse, parité et durée de la grossesse. L’âge de la mère montre une corrélation inverse avec la survenue de brûlures rétrosternales pendant la grossesse [27].
La MRGO (GERD) comporte un large éventail de présentations basées sur la symptomatologie clinique et sur les lésions muqueuses, qui peuvent se manifester séparément ou en combinaison.
L’évaluation de la symptomatologie est essentielle pour poser un diagnostic de MRGO (GERD), en particulier dans l’évaluation de l’efficacité du traitement. Les brûlures rétrosternales (pyrosis) et la régurgitation représentent les symptômes les plus fréquents, mais la MRGO (GERD) peut également comporter des symptômes atypiques, avec ou sans la présence des symptômes les plus fréquents. Les symptômes atypiques peuvent comporter des douleurs épigastriques [34] ou des douleurs thoraciques [1,35], qui peuvent ressembler à une douleur cardiaque ischémique, ainsi que la toux et d’autres symptômes respiratoires qui peuvent faire penser à un asthme ou d’autres maladies respiratoires ou laryngées. Une dysphagie peut également être présente. Une minorité de patients avec la MRGO (GERD) peut manifester des symptômes multiples inexpliqués, qui peuvent avoir une relation avec la détresse psychologique [8].
La plupart des symptômes d’alarme ne sont pas spécifiques de la MRGO (GERD) et beaucoup d’entre eux sont associés à d’autres diagnostics sans relation avec la MRGO (GERD). Dans la plupart de pays, beaucoup de ces symptômes ont une relation avec le cancer gastrique, une maladie ulcéreuse compliquée ou une autre maladie grave.
A consulter également: le guideline WGO sur les symptômes gastro-intestinaux courants (http://www.worldgastroenterology.org/guidelines/global-guidelines/common-gi-symptoms).
La présence de symptômes de brûlures rétrosternales (pyrosis) et/ou régurgitations >2 par semaine peut suggérer une MRGO (GERD) [47]. Les critères cliniques, endoscopiques et pH-métriques permettent de caractériser la maladie, même si ces investigations ne sont généralement pas nécessaires afin de poser un diagnostic de MRGO (GERD) — tout en précisant que la probabilité de trouver une MRGO (GERD) sans de telles investigations peut varier fortement entre les différentes régions géographiques. (Voir également 1.2, MRGO (GERD) : définition et description.)
L’évaluation initiale devrait documenter la présence, la sévérité et la fréquence de brûlures rétrosternales, de régurgitations (acide ou pas) ainsi que les symptômes d’alarme; il faut également documenter tout symptôme oesophagien atypique, pulmonaire, otorhinolaryngologique et oral. Il peut également s’avérer utile d’évaluer tout facteur précipitant tels les repas, l’alimentation en graisses, l’activité (position abaissée) et la position couchée ainsi que les facteurs soulageants (bicarbonate, anti acides, lait, médicaments en vente libre).
A ce stade également il est essentiel de pouvoir exclure d’autres diagnostics gastro-intestinaux, en particulier un cancer du tractus digestif supérieur et une maladie ulcéreuse, notamment dans les régions où ceux-ci sont plus prévalents. Il est également essentiel d’envisager d’autres diagnostics non gastro-intestinaux, en particulier une maladie cardiaque ischémique.
Des questionnaires diagnostiques pour la MRGO (GERD) (reflux disease questionnaires) ont été conçus dans le cadre d’études épidémiologiques. Ce genre de questionnaire n’a pas été très performant dans le cadre de l’étude Diamond [32]. En réalité, un diagnostic fait par un médecin généraliste ou un gastro-entérologue a démontré une plus grande sensibilité et spécificité pour diagnostiquer la MRGO (GERD) que le questionnaire. L’usage de tels questionnaires est généralement problématique dans la pratique clinique. Une anamnèse minutieuse sert de base pour un diagnostic symptomatologique, avec la pratique d’une oesogastroduodénoscopie en réserve pour identifier ou exclure des lésions structurales importantes dans certains cas.
Selon la région, une évaluation de probabilité avant investigation peut orienter le choix et la séquence en ce qui concerne les investigations diagnostiques nécessaires, étant donné la faible valeur prédictive de la plupart des symptômes.
Dans beaucoup de pays où il existe une haute prévalence d’infection par H. pylori, les ulcères peptiques et le cancer sont toujours plus fréquents que la MRGO (GERD) et sont à l’origine d’une morbidité et une mortalité bien plus importantes [51].
La relation entre le traitement avec IPP et la progression d’une gastrite et d’une atrophie du corps gastrique chez les patients avec une infection gastrique à H. pylori a été rapportée initialement par Kuipers et al. [54] mais a été clarifiée depuis. Les IPP sont associés à une péjoration du stade histologique de la gastrite chez les patients avec une infection à H. pylori associée à une prévalence accrue de l’atrophie de la muqueuse gastrique et de la métaplasie intestinale [55] qui se manifeste plus tôt et plus fréquemment que chez les patients avec une infection à H. pylori mais qui n’ont pas pris d’IPP. Le risque de développer une atrophie de la muqueuse gastrique et une métaplasie intestinale ne s’observe pas sous traitement par IPP chez les patients non infectés ou chez ceux qui ont subi avec succès un traitement d’éradication de H. pylori avant de recevoir un traitement par IPP à plus long terme. Vu qu’une atrophie de la muqueuse gastrique et qu’une métaplasie intestinale sont connues comme étant des facteurs de risque majeurs pour le développement d’un adénocarcinome gastrique, la plupart des guidelines recommandent d’effectuer une recherche de H. pylori et un traitement si nécessaire avant d’instaurer un traitement par IPP à long terme, en particulier chez les patients plus jeunes.
Une OGD est habituellement effectuée dans les cas d’une survenue d’une symptomatologie gastro-intestinale haute, sans tenir compte de l’âge du patient, dans les régions où elle est à disposition et abordables financièrement ainsi que là où la fréquence de la maladie ulcéreuse et la préoccupation en ce qui concerne la malignité sont élevées, comme par exemple presque partout en Asie [56]. Les algorithmes qui suivent prennent en considération le problème de la faible disponibilité de l’endoscopie dans les régions avec moins de ressources et recommandent un traitement d’éradication empirique de H. pylori comme stratégie de première ligne.
Il est rares de devoir effectuer d’autres investigations que l’OGD; de plus, ces autres investigations ont un degré de précision variable et ne sont pas toujours à disposition.
Les objectifs de l’évaluation du patient comprennent l’appréciation de la symptomatologie et des facteurs de risque pour un diagnostic de MRGO (GERD) et la prédiction éventuelle de séquelles à long terme. A ce sujet, il est important de prendre en considération la nature régionale de l’épidémiologie de la maladie gastro-intestinale supérieure et la probabilité avant investigation de la présence de MRGO (GERD) par rapport à d’autres maladies. Par exemple, l’œsophage de Barrett (endobrachyoesophage, EBO) est rare en Asie et il n’est ainsi pas à considérer comme facteur de risque majeur pour développer un adénocarcinome oesophagien, ce qui est rare en soi. En Asie, la prévalence de la maladie ulcéreuse peptique et du cancer gastrique représente la plus grande indication à l’endoscopie car contrairement à l’Occident, l’adénocarcinome oesophagien se rencontre moins fréquemment. En Occident, la prévalence grandissante des cancers de la jonction gastro-œsophagienne est probablement en relation également avec la MRGO (GERD), même si ces cancers sont toujours assez rares. En revanche, les cancers épidermoïdes se rencontrent plus souvent dans d’autres parties du monde (par exemple, avec un degré de prévalence accrue en Iran), en relation avec des facteurs autres que le reflux. Tous ces facteurs devraient entrer en considération afin de guider la séquence et le choix des investigations à visée diagnostic.
Il peut être utile de considérer les facteurs suivants afin de poser un diagnostic et d’évaluer la sévérité de la MRGO (GERD):
Un diagnostic présomptif de MRGO (GERD) peut être posé dans un contexte de symptômes typiques: brûlures rétrosternales (pyrosis) et régurgitation. Un diagnostic de MRGO (GERD) chez les femmes enceintes peut être posé de manière fiable uniquement sur la base des symptômes.
Quand les symptômes dominants ou les plus gênants sont atypiques pour la MRGO (GERD), il faut également envisager d’autres diagnostics tels par exemple une maladie en relation avec une infection à H. pylori et des symptômes en relation avec la prise d’AINS. Dans les régions où il existe une prévalence haute d’infection à H. pylori, un traitement initial de H. pylori « H. pylori test-and-treat » ou une endoscopie si à disposition devraient entrer en considération.
Des examens radiologiques ne sont que rarement nécessaires. Une pH-métrie oesophagienne ou une pH-impedencemétrie de 24 heures et une manométrie oesophagienne peuvent être effectuées en toute sécurité, mais ne sont que rarement nécessaires. Les symptômes de reflux qui ne répondent pas au traitement ou les complications de la MRGO (GERD) peuvent être évaluées en toute sécurité à l’aide d’une OGD [24,25].
Œsophage de Barrett (endobrachyoesophage, EBO); OGD, oesogastroduodénoscopie; IPP, inhibiteurs de la pompe à protons, anti-H2, antagoniste des récepteurs H2.
Notes:
* Symptômes d’alarme nécessitent une OGD dans toutes les régions.
** Prévalence H. pylori:
Faible: < 30% dans le pays, population à faible risque, confirmer éradication.
Elevée: ≥ 30% dans le pays, patients âgés, régions à risque, groupes éthniques à risque (migrants de l’Europe de l’Est, d’Amérique du Sud, d’Afrique, du sous-continent indien, d’Asie).
— OGD : pratiquer des biopsies dans les pays aux ressources élevées, biopsies chez des patients sélectionnés dans les pays aux ressources moyennes lorsqu’il existe une suspicion d’oesophagite à éosinophiles.
— OGD de dépistage à envisager seulement lorsqu’il existe une prévalence de Barrett (endobrachyoesophage, EBO) dans la population locale et que les ressources sont abondantes.
— Dans la plupart des cas, l’OGD ne va pas modifier le traitement en l’absence de symptômes d’alarme ou d’accès à la chirurgie antireflux.
— Il n’y a pas d’indication à des investigations radiologiques dans l’investigation des symptômes gastro-intestinaux hauts (dyspepsie non investiguée).
Principes généraux
Bien que la sévérité et la fréquence des symptômes puissent varier considérablement chez les patients avec une MRGO (GERD), des symptômes occasionnels de reflux (GERS) ne remplissent pas les critères pour un diagnostic de MRGO (GERD) et sont traités de manière intermittente par des médicaments et des modifications de style de vie. Les symptômes plus fréquents ou plus sévères peuvent nuire de façon significative à la qualité de vie des patients et méritent d’être traités plus intensément afin de normaliser la qualité de vie.
Le traitement de la MRGO (GERD) consiste généralement en une approche par étapes, tant en relation avec les traitements qu’avec les professionnels de la santé qui gèrent ou qui fournissent le traitement.
Principes de base
Les principes fondamentaux du traitement de la MRGO (GERD) consistent en des modifications du style de vie, une diminution de l’acide dans la lumière oesophagienne par neutralisation locale de l’acide ou par une suppression de la sécrétion de l’acide gastrique par un traitement médicamenteux; ou, plus rarement, par une chirurgie anti reflux. Les principaux objectifs de tout traitement sont de soulager les symptômes, d’améliorer la qualité de vie du patient, de guérir l’œsophagite, d’éviter une récidive des symptômes, et de prévenir ou de traiter les complications liées à une MRGO (GERD) par les moyens les plus économiques.
Les brûlures rétrosternales (pyrosis) peu fréquentes (<2 x par semaine) répondront probablement bien à une automédication avec un antiacide ou un alginate + antiacide, avec une prise <1 x par semaine. Il est peu probable que ces médicaments auront un effet délétère. Les combinaisons alginate–antiacide sont utiles et sont plus efficaces que les antiacides seuls [69]. Chez ce groupe de patients en particulier, il est important d’éviter les aliments ou les situations qui peuvent déclencher les symptômes et il peut être utile d’éviter de prendre des repas copieux tard dans la soirée. Chez les patients avec un excédent de poids, une perte de poids peut également s’avérer utile afin de diminuer la fréquence des symptômes.
Il est nécessaire d’évaluer les patients avec des symptômes plus fréquents en vue d’un traitement à long terme. Un diagnostic de MRGO (GERD) — c’est-à-dire une symptomatologie gênante >2 x par semaine — mérite un traitement empirique avec un inhibiteur d’acide (IPP ou, à défaut, anti-H2). Les alginates/antiacides peuvent également être utilisés si les IPP ou anti-H2 ne sont pas à disposition ou pour soulager la symptomatologie rapidement chez les patients sous IPP ou anti-H2.
En cas d’échec d’un traitement avec des médicaments en vente libre ou des modifications du style de vie, les patients s’adresseront souvent en premier lieu à un pharmacien ou un médecin de premier recours. La définition d’un échec de traitement dépend dans une large mesure du traitement utilisé. D’une part, le traitement peut échouer car le patient ne souffre pas en réalité d’une MRGO (GERD) ; d’autre part, il se peut que le traitement ne soit pas adéquat pour faire face à la sévérité de la MRGO (GERD). Dans ce dernier cas, il peut y avoir une réponse partielle au traitement et l’attitude ultérieure sera guidée par la disponibilité de traitements plus efficaces. Il sera éventuellement nécessaire d’envoyer le patient à un spécialiste en cas d’échec du traitement initial [70]. Toute approche au traitement d’un reflux devrait se concentrer sur les meilleures pratiques cliniques et accorder la priorité au traitement des symptômes.
Automédication
Options d’automédication sous contrôle d’un pharmacien
Des automédications sans investigation sont à éviter dans les situations suivantes [74–77]:
Mesures de suivi
Options pour les médecins généralistes
Options pour les médecins spécialistes (gastro-entérologue, chirurgien)
Afin de répondre aux besoins du patient, il est essentiel de prendre en considération toute la gamme de symptômes présents. Les symptômes en plus de ou autres que les brûlures rétrosternales (pyrosis) peuvent répondre de façon différente au traitement.
Une intervention chirurgicale (le plus souvent une fundoplicature) n’est que rarement indiquée chez les patients avec une MRGO (GERD), mais peut entrer en ligne de compte en présence d’une grande hernie hiatale qui provoque des symptômes de reflux et s’il existe une évidence de broncho-aspiration ou de dysfonction du cardia. Il existe également d’autres indications, comme par exemple une mauvaise compliance dans le cadre d’un traitement médicamenteux, des effets secondaires associés au traitement médicamenteux, une œsophagite réfractaire au traitement médicamenteux ou la présence de symptômes persistants provoqués par une MRGO (GERD) réfractaire [3].
Chez les patients avec des brûlures rétrosternales (pyrosis) fonctionnelles, la réponse à une suppression de l’acide (or neutralization) est par définition absente ou au mieux minime et ces patients courent le risque d’être référés d’office pour une intervention chirurgicale. Chaque patient avec les symptômes de MRGO (GERD) qui est référé pour une intervention chirurgicale devrait bénéficier d’une pH-métrie de 24 heures afin d’exclure une symptomatologie fonctionnelle [87], ainsi que d’une manométrie oesophagienne, un transit baryté et une OGD afin d’exclure d’autres diagnostics éventuels.
Des techniques chirurgicales antireflux par endoscopie ont été développées à la fin des années 1990, mais la plupart ne sont plus pratiquées en raison d’un taux de réussite limité [88]. Il n’existe toujours pas de données sur les résultats à long terme pour certaines procédures et techniques novatrices et ces traitements ne devraient être proposés que dans le cadre d’études cliniques.
Bien que le pronostic chez les patients avec une MRGO (GERD) soit bon sous traitement optimal, avec un bon contrôle des symptômes dans >90% des cas, des complications peuvent survenir — comportant saignement, œsophage de Barrett (endobrachyoesophage, EBO), sténoses, ulcération et malignité.
Dans les régions à ressources limitées, il est essentiel d’effectuer une évaluation diagnostique minutieuse ainsi qu’un examen physique (voir sections 3.1 et 3.2), y compris concernant le moment de l’apparition des symptômes (pendant la journée ou pendant la nuit, en relation avec les repas) et la réponse (aucune, partielle ou complète) à un traitement par antiacides, anti-H2, ou les IPP afin de guider la prise en charge et d’éviter d’effectuer des investigations diagnostiques inutiles.
Dans l’algorithme du tableau 8 il est supposé qu’il n’y a pas de symptômes d’alarme et aucune autre cause non gastro-intestinale aux symptômes, qu’une recherche d’une infection à H. pylori a été effectuée avec traitement d’éradication par la suite si indiqué et que les AINS ont été exclus comme étant à l’origine des symptômes.
Les critères de Prague pour l’œsophage de Barrett (endobrachyoesophage, EBO) fournissent un système de classification endoscopique basé sur un consensus ayant été validé tant de manière interne qu’externe par des endoscopeurs expérimentés. Les critères de Prague fournissent un système simple pour déterminer l’étendue d’un œsophage de Barrett (endobrachyoesophage, EBO). Il est basé sur la longueur de l’œsophage distal atteint de manière circonférentielle (C) et sur la longueur maximale (M) de l’épithélium de Barrett par rapport à la jonction gastro-œsophagienne, caractérisé par les extrémités proximales des plis de la muqueuse gastrique. Les critères ont montré leur efficacité en étant identifiée et localisée avec sûreté par les différents endoscopeurs. Cette classification standardisée renforce la capacité des médecins à juger de l’efficacité des traitements pour l’œsophage de Barrett (endobrachyoesophage, EBO) chez les patients individuels et de classifier les patients avec œsophage de Barrett (endobrachyoesophage, EBO) dans le cadre d’études cliniques [89,90].
Japon
Michio Hongo
Epidémiologie de la MRGO (GERD) en Inde
Shobna Bhatia
La prévalence des symptômes hebdomadaires de la MRGO (GERD) a été décrite dans différentes études venant d’Inde et varie entre 7.6% et 19%.
Epidémiologie de la MRGO (GERD) au Brésil
Joachim Moraes-Filho
Dans la population urbaine au Brésil il existe une prévalence relativement élevée de pyrosis (11.9%), mais quand-même moins élevée que révèlent les données venant d’autres pays. Les brûlures rétrosternales (pyrosis) et la MRGO (GERD) ont une prévalence plus élevée chez les femmes et les deux sont associées à la prise alimentaire et aux aliments gras et épicés ; la MRGO (GERD) est plus prévalente chez les personnes de >35 ans.
Epidémologie de la MRGO (GERD) à Asan-si en Corée
Young-Seok Cho
La prévalence de la MRGO (GERD) dans la population de la ville d’Asan-si en Corée était de 3.5%. Les brûlures rétrosternales (pyrosis) et la régurgitation acide étaient associées de façon significative avec les douleurs thoraciques, la dysphagie, une sensation de globe, un enrouement et l’asthme.
Epidémiologie de la MRGO (GERD) en Argentine
Graciela Salis
En Argentine, la prévalence de symptômes typiques de reflux gastro-œsophagien est très élevée au niveau national (la prévalence de symptômes de reflux était de 23.0% (95% CI, 20.1 à 25.9) et la prévalence de MRGO (GERD) était de 11.9% (95% CI, 9.6 à 14.1), et les symptômes de reflux gastro-œsophagiens fréquents étaient associés de façon significative avec la dysphagie, le globe et les douleurs thoraciques non cardiaques.
Epidémiologie de la MRGO (GERD) en Russie
Leonid Lazebnik
L’étude de population MEGRE, menée dans six villes de Russie sur la base d’une méthodologie reconnue internationalement, a montré une prévalence de MRGO (GERD) de 13.3%. La plupart des patients ne prête que peu d’attention à leurs symptômes, ne cherche pas à avoir un avis médical et de ce fait ne reçoit pas de traitement approprié. Des brûlures rétrosternales (pyrosis) étaient présentes chez 47.5% des intervenants : fréquentes chez 9% et rares chez 38.5%. Une régurgitation était rapportée par 42.9% des patients: fréquente chez 7.6%, rare chez 35.3%.
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